Protos-Bénin à l’école de l’entreprenariat social dans les services essentiels


Au Bénin depuis 1994, l’ONG belge Protos accompagne les communautés à la base dans la résolution des problèmes liés à l’eau et à l’assainissement. Ainsi, faciliter et maintenir un meilleur accès des populations aux services d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement est au cœur des actions de cette institution.
Forte de cette expérience et en vue d’accompagner le passage à l’échelle de l’assainissement, Protos s’est engagée depuis peu dans un projet de marketing de l’assainissement à travers l’implantation de « Sanimarchés », espaces dédiés à la promotion et à la vulgarisation de produits et services de l’assainissement. Suite à la première expérience avec l’implantation du Sanimarché de Dogbo, un partenariat avec VIA-WATER, financé par Aqua For All, permet d’approfondir l’expérimentation et de réaliser un nouveau Sanimarché.
Et c’est donc pour affermir ses connaissances dans ce secteur où elle commence tout juste à faire ses armes que l’ONG a pris part à un atelier international qui s’est tenu à Ouagadougou (Burkina-Faso), les 6 et 7 Juillet 2017 sur le thème « Entreprenariat social dans les services essentiels urbains».
Organisé par le Réseau Projection et La Fabrique, cet atelier a été le lieu de partage de plusieurs expériences similaires dans les secteurs de l’assainissement, de la santé et de l’énergie. La participation de Protos a été motivée par la nécessité de s’inspirer des expériences des autres pour améliorer les résultats obtenus à travers la promotion du Sanimarché de Dogbo.
L’entrepreneuriat social en question…
« L’entrepreneuriat social » se définit comme toute initiative entrepreneuriale dont la finalité sociale ou environnementale est supérieure ou égale à la finalité économique. Ainsi, les entreprises sociales pour l’accès aux services essentiels agissent sur le terrain en s’inscrivant dans une logique économique pour répondre aux besoins fondamentaux qu’elles ont identifiés comme l’accès à l’eau, à l’assainissement, à l’électricité etc.
La réalisation de cet atelier intervient dans un contexte où la notion d’entrepreneuriat social se fait de plus en plus entendre. Les objectifs visés par cet atelier étaient notamment de :
· Mieux appréhender les enjeux de l’entrepreneuriat social ;
· Renforcer les connaissances grâce aux échanges avec des experts ;
· Partager les expériences ;
· Renforcer les réseaux personnel et professionnel ;
Les success stories partagées…
Plusieurs entrepreneurs sociaux étaient invités à partager leur expérience avec les participants. Les questions relatives à la mise en action de l’idée ont été largement débattues. Divers services essentiels sont touchés par leurs actions :
LE RELAIS créée en 1984 par Pierre Duponchel avec Emmaüs.
Sa mission : créer des emplois durables pour des personnes en situation d’exclusion tout en restant rentable.
Ses actions : collecter et recycler des vêtements usagés en France puis les revendre en Afrique. Présente au Burkina Faso à travers trois programmes (centre de tri « Toum Song Taaba », association d’apiculteurs « Wend Puiré » et atelier « nouveaux meubles »).
Représentée par Mme Marion OUATTARA et M. Desiré Marie YAMEOGO
ASE créée par Magloire Nana
Sa mission : Ingénierie/Etudes/Conseils/réalisations de projets Electriques, Energétique et Energies Renouvelables
Ses actions : accompagner les clients de l’idée au projet et du projet à sa réalisation en créant de la valeur ajoutée aux services fournis, pour une satisfaction durable mais aussi contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population et la réduction de la pauvreté, au Burkina Faso en particulier et en Afrique en général, en fournissant des services énergétiques adaptés et durables.
Représentée par M. Magloire NANA
FASO SOAP créée par Gérard NIYONDIKO
Sa mission : Sauver 100 000 vies du paludisme.
Son action : Mettre au point un savon anti-moustique efficace, capable d’éloigner les moustiques jusqu’à 6h après usage. Il doit être aussi accessible à tous.
Représentée Gérard NIYONDIKO
BILADA créée par Arthur Hamed Yo
Sa mission : Pallier au manque d’eau potable et d’assainissement
Ses actions : proposer une solution de potabilisation à base de chlore liquide, utilisable à domicile pour l’eau de consommation. Elle a pour vision de permettre un accès pérenne à des désinfectants locaux et sûrs pour la prévention des maladies hydriques et des infections associées.
Représentée par M. Arthur Hamed Yo
ABASE (Association des vidangeurs de Ouagadougou) créée par Alidou BANDE
Sa mission : Réussir l’organisation et la professionnalisation de la vidange manuelle
Ses actions : convaincre les vidangeurs de l’importance de faire son travail proprement en s’équipant et se protégeant convenablement. Aussi, faciliter l’évacuation des déchets en parvenant à faire sortir les vidangeurs de l’anonymat dans lequel, pour la bienséance commune, les collectivités et populations préféraient les laisser.
A terme, transformer les déchets en fumures organiques.
Représentée par Alidou BANDE
En bonus…de belles leçons apprises !
Les travaux de cet atelier ont permis de mieux appréhender les modes de financements des entreprises sociales. Les quatre principaux types de financements des entreprises sociales ont été longuement débattus et leurs principaux avantages présentés. Mais l’innovation est intervenue lors de la présentation d’un mode nouveau de financement de type alternatif : le « crowdfunding ».
Le « crowdfunding » est un terme anglais qui désigne un « financement participatif » : un grand nombre de personnes sont amenées à participer à l’élaboration, en termes économiques et financiers, d’un projet. Il existe plusieurs formes de « crowdfunding » qui se fait essentiellement par le biais d’internet et cette pratique a d’ailleurs connu un essor grâce aux réseaux sociaux.
En somme, le « crowdfunding » est un ensemble de techniques et de méthodes pour lever des fonds, dans le but de réaliser un projet. Ses formes les plus utilisées sont :
Le don : C’est une participation sans attente ni contrepartie, qui se fait par une personne physique ou une personne morale (association, entreprise). Il est désintéressé, même s’il existe une pratique de contre-don, tout à fait symbolique.
La récompense, aussi appelée don avec contrepartie : La personne physique ou morale va ainsi participer à la hauteur de son choix, mais recevra quelque chose en retour (« récompense » ou « contrepartie »). C’est une forme de troc, qui peut se manifester matériellement (offre de cadeaux, d’objets promotionnels) ou de façon plus symbolique (en nature, en temps accordé, en publicité).
Le prêt ou crowdlending : C’est pour les plateformes de prêts, spécialement conçues pour le crowdfunding. L’emprunteur s’adresse, par le biais d’une plateforme web, à une multitude de prêteurs qui vont participer à hauteur de leurs moyens. La somme se doit d’être remboursée dans des temps impartis, avec ou sans intérêts (cela dépend de la plateforme et des accords prédéfinis).
Protos-Bénin est sortie de cette session plus avertie des questions de l’entrepreneuriat social et est confortée que l’expérience sera très enrichissante. De nouveaux leviers ont été identifiés et de nouvelles pistes trouvées pour poursuivre l’aventure du marketing social par la réalisation du second Sanimarché et la promotion des produits et services de l’assainissement.
 

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